LIGNE CLAIRE
PIECE DE PHILIPPE BLASBAND
A
Voyez ce soleil, voyez cette lumière,
Sentez la chaleur et l’odeur des pins.
Comment pourrais-je revenir en arrière
Dans votre pays de draches et de crachins ?
Je ne regrette plus rien de la Belgique,
Pas même le stoemp ni les bières d’abbayes,
Ni ces cafés faussement rustiques
Où jeune homme je tripotais les filles,
Ni les accents ni la façon très molle
Qu’ont là les gens de penser, de bouger.
Non, je ne regrette rien de ce brol,
Je suis même content qu’on m’en aie chassé.
Quand je reviens là-bas – parce que j’y reviens
Parfois, en cachette, régler des affaires -
Il n’y a vraiment absolument rien
Qui désormais me retienne à cette terre.
Pourtant, direz-vous, je me suis battu
Pour cette terre et pour les gens qui l’habitent.
Ma jeunesse, ma santé, tout, j’ai perdu
A me battre contre la chienlit qui s’infiltre,
Tous ces juifs, communistes et francs-maçons
Qui pourrissaient notre royaume de Belgique,
Qui le pourrissent encore plus et en font
De nos jours une farce, un bordel, un cirque...
Voyez comme les nuages restent tout là haut,
Voyez comme la mer se tient bleue et calme.
Sentez le vent réchauffer votre peau.
Nous buvons du vin froid à l’ombre des palmes.
Que désirer de plus ?
B
Excusez-moi...
A
Vous avez raison : venons-en au fait.
Vous n’êtes pas venu, de loin, jusqu’à moi,
Et, avec le manque d’ardeur qu’on vous prête,
Pris l’avion, le train et, enfin, marché
Pour écouter bavarder un vieillard.
Vous êtes ici, je crois, pour négocier,
Pour m’acheter même, disons-le sans fard.
Votre mandat est très clair, mon petit monsieur :
Me lécher les bottes jusqu’à ce que j’accepte
De vous jurer sur ma vie et sur Dieu
Que l’écriture de ce livre, je l’arrête !
B
Vous l’écrivez déjà ?
A
Déjà cent feuillets
Un peu partout sur mon bureau s’amassent.
Hier soir encore je griffonnais
Des structures, des idées, des bouts de phrases.
J’aime écrire. J’aime le papier, le stylo.
J’aime l’odeur de l’encre et le bruit des presses.
J’aime triturer la langue, chercher le mot
Adéquat, violent, le mot qui blesse.
J’étais d’ailleurs journaliste au début.
J’aurais du le rester et pas me battre
Contre ces politiciens nuls et obtus !
Je serais revenu en cinquante-quatre ;
Quelques temps j’aurais gardé profil bas ;
J’écrirais des articles inoffensifs,
Des critiques, que je ne signerais pas,
Des billets faussement vindicatifs,
Pour des journaux satiriques mais pas trop...
D’autres l’ont fait et sont maintenant prospères.
Ils s’intègrent partout sans le moindre accroc
Et leur passé, tous s’accordent à le taire,
Car, disent les gens mous de ce pays mou,
Ils n’ont quand même tué personne,
Ils ont fait des articles, c’est rien du tout ;
Laissons-leur une petite vie monotone !...
Le Belge n’a aucune mémoire, Dieu merci !
Dans ce pays, même les écrits s’envolent,
Du moment que vous restez tout petit,
Tout modeste et sans trop faire le mariole...
Mais non ! J’ai du me lancer dans l’arène,
Oublier ma carrière, mon mariage, ma vie,
Et devenir l’affreux croque-mitaine
Des politiciens fielleux et aigris !
La racaille des youpins dégénérés,
Je la pourchassais jusqu’à sa tanière !
Ce pays artificiel et raté,
Je le transformais en race dure et fière !
Au plus braves de peuples, j’offrais un destin !
Mais vous connaissez cette histoire de liste,
Ce complot, cette manœuvre en sous-main.
On m’a congédié comme un domestique ;
On a fait de moi un monstre répugnant ;
On a brisé mon destin historique
Et on l’a balayé en le niant.
Mais je m’égare de nouveau, je digresse
Alors que vous m’arrivez de si loin
Pour me parler, me cajoler les fesses,
Et m’arnaquer avec le plus grand soin.
Allez-y. Flattez-moi.
B
Non. Soyons clair.
Il ne s’agira ni de cajoler,
Ni de vous arnaquer, ni même de faire
Un marchandage. Je veux juste vous parler.
Je veux vous convaincre que la thèse de votre livre,
Cette thèse, telle que vous l’avez exposée
A des amis d’amis...
A
Mais j’étais ivre !
J’avais bu une sangria frelatée !
Sinon, croyez-moi, jamais...
B
Au contraire.
Vous ne faites rien sans un plan et même soûl
Vous savez quand parler et quand vous taire.
Si c’est devant ces amis-là que vous
Avez révélé le sujet et titre
De ce livre, c’est parce que vous savez bien
Qu’ils me connaissent...
A
Et j’avais bu des litres !
J’avais mélangé les alcools et rien
De ce que je disais n’avait de sens !
B
Quoi ? Ce fameux livre, vous ne l’écrivez pas ?
A
Je l’écris. Ca fait longtemps que j’y pense.
B
Et le titre ? Ce sera bien celui-là ?
A
Comment pourrais-je rater un titre pareil ?
" Houpette, c’est moi ! " C’est tout de même séduisant.
C’est un titre qui promet monts et merveilles !
B
Le titre n’aurait pas été suffisant
Pour me pousser sur le champs à venir
Ici, pour vous voir, s’il n’y avait
Ce qu’à mes amis vous avez pu dire...
Mais ces gens peut-être vous mécomprenaient :
Un même titre peut nommer plusieurs histoires,
Cacher différentes significations...
Vous trouvez peut-être glorieux de vous croire
Pareil à ce personnage de fiction.
On ne peut tout de même pas vous interdire
De l’aimer, de vous reconnaître en lui.
Pour vous, Houpette serait, comment dire,
Un blason ! Un de ces modèles qu’on suit !
Vous auriez les qualités de Houpette,
Son courage et sa générosité !...
A
Non. Excusez-moi. Là, je vous arrête.
Comme vos chers amis vous l’ont répété
Car j’étais clair, malgré tout cet alcool :
Ce sympathique personnage pour enfant,
Ce blondinet naïf avec sa crolle,
N’est pas pour moi un héros attirant.
C’est malgré moi que votre cher camarade,
Votre défunt mentor, Henri Roumont,
M’a pris comme modèle de ce boy-scout fade !
C’est vrai : comme Houpette, j’étais mince et blond ;
Comme Houpette, j’avais fait le tour du monde
Avant d’avoir atteint mes vingt-cinq ans...
Il a mon courage mais pas ma faconde.
Il est de ma race mais pas de mon sang.
Journaliste, certes, comme je l’étais moi-même
Mais jamais le stylo à la main,
Jamais aucune invective, anathème
Ou insulte ne franchit ses...
B
Mais enfin
S’il vous déplaît autant, ce personnage,
Pourquoi vouloir le salir à tout prix ?
A
" Salir "... " Salir "... C’est une jolie image.
Très instructive...
B
Ma colère me trahit,
Me rend gauche et maladroit... Je m’emporte...
Ma parole dépasse de loin ma pensée...
A
" Salir "... " Salir "... C’est une expression forte
Grâce à laquelle je peux mieux vous juger :
Vous êtes l’ennemi, l’adversaire, le traître
Mais pas celui qui s’affiche et se dit
Socialiste, rouge, sans Dieu et sans maître,
Pas celui qui a mis ma tête à prix.
Lui, il veut ma mort et je veux la sienne.
Lui serait venu une arme à la main
Et j’aurais eu un couteau dans la mienne.
Très vite, je l’aurais plongé dans son sein.
C’est comme ça, monsieur, que les hommes se battent.
Mais vous n’êtes pas de la race des soldats.
Oh, dans les soupers, vous vous dites de droite...
B
Un fasciste, en tous cas, je ne suis pas.
Revenons, je vous en prie, à Houpette...
A
Revenons-y, à cet émasculé,
Cet imbécile, à la face ronde et blette !
B
A vos amis, vous avez affirmé
Que d’Henri Roumont vous étiez très proche...
A
Non, pas très proche. Mais nous nous connaissions.
Je l’avais vu chez ce vieux curé moche
Qui voulait se lancer dans l’édition.
Il y avait là tout ce que Bruxelles
Comptait comme vieilles grenouilles de bénitiers,
Militaires décorés, industriels,
Ecrivaillons, noblions avariés,
Echevins obscurs, quelques journalistes,
Tous prêts à sauvegarder la vieille Foi
De nos pères, contre les " méchants communistes " !...
Tous très vieux, sauf Henri Roumont et moi,
Deux jeunots, pas encore trentenaires...
B
Vous n’étiez pas encore politicien.
A
Non. Et lui n’était pas encore Acher :
En tous domaines, encore un béotien,
Peu au courant, lisant à peine la presse,
A parler, à penser, pas très aguerri,
Réactionnaire catholique par paresse,
Une allure d’adolescent décatis,
Vêtu quand même avec un certain chic
Mais discret, sans vouloir stoeferer ;
Il était niais et sympathique :
Très naturellement, nous avons parlé.
Moi, je l’ai impressionné tout de suite.
J’ai ce don, sans trop bien savoir pourquoi :
Les gens ne me voient pas, ils voient un mythe !
Je suis fait dans l’étoffe des anciens Rois...
Je le constate mais je n’en suis pas fier,
Non, au contraire, c’est une malédiction.
J’aurais préféré rester à l’arrière ;
Je vivrais maintenant de ma pension
Quelque part dans les Ardennes et, l’hiver,
J’aurais ma maisonnette à la Palma,
Au soleil...
B
Revenons à notre affaire.
Il y a des témoins et je ne peux pas
Nier vos rencontres débuts années trente
Mais de là à affirmer que sur lui
Vous aviez une influence...
A
Et une grande !
Il me suivait pas à pas sans un bruit,
La langue pendante, comme un brave labrador.
Il copiait mes gestes, mon ton, mon accent ;
Comme moi, il se mit à parler trop fort ;
A la fin, ça en devenait gênant...
Non, nous ne sommes pas devenu intimes
Mais je l’ai aidé de bien des façons.
Je lui ai même trouvé son pseudonyme :
" Acher ", ça sonnait mieux que " Roumont " ;
Je l’ai même emmené dans un bordel :
Ce pauvre garçon était encore puceau...
Vous voyez : c’était donc tout naturel
Qu’un beau jour, il m’annonce, dans mon bureau
Qu’il créait un nouveau personnage
Et que de moi il s’était inspiré !
Houpette avait mon métier et mon âge,
Et ses habits étaient...
B
Je suis navré :
D’un point de vue purement historique
Quand, la première fois, Houpette paraissait,
Vous étiez déjà un homme politique.
Depuis longtemps Acher ne vous voyait
Plus et...
A
Je ne me voyais plus moi-même !
Ma vie avait changé du tout au tout !
J’étais harassé et le visage blême !
Je travaillais, jour et nuit, comme un fou !
Ce fut pour moi des années merveilleuses :
J’ai sillonné notre petit pays
D’Arlon jusqu’à la côté, juste avant Sleuys...
B
Nous sommes d’accord. Il est donc établi
Que vous ne pouvez pas être le modèle
De Houpette...
A
C’est pitoyable et touchant
De vous voir défendre en ami fidèle
Un personnage de fiction pour enfant.
Quelle scène ! Un saltimbanque vient en Espagne
Convaincre un vieux politicard déchu
De ne pas " salir " avec toute sa hargne
Un héros de papier mal fichu...
B
Je m’identifie à ce personnage.
J’y puise mes forces et ma volonté.
Il m’accompagne depuis mon plus jeune âge.
Houpette m’a aidé et m’a protégé.
Henri Roumont était pour moi un père.
Il m’a souvent guidé. Je lui dois tout.
A
Votre amour pour ces gribouillis m’atterre.
Cela m’étonne d’un grand artiste comme vous.
Parce que je vous connais, je vous admire,
Je vous ai vu sur scène deux ou trois fois.
Ce n’est pas le genre d’humour qui m’attire :
C’est gentil. Vous vous censurez, je crois.
Alors qu’on vous sent capable d’être féroce,
Vous vous moquez timidement.
Nos ennemis, vous savez, sont atroces :
La télé abêtit et la presse ment ;
A l’école, on falsifie notre histoire ;
La justice n’est plus qu’un tas de fumier ;
La juiverie partout prend le pouvoir ;
Les rouges et les Catholiques se sont alliés ;
L’époque n’est plus à la blague de potache
Mais à la révolte ! Au combat !
B
Monsieur,
Ce serait pour vous une impossible tâche
De vouloir me recruter ou même mieux,
De me croire acquit à votre cause !
A
Je n’ai pas besoin de vous recruter.
Je vous tiens dans la main. Vous êtes ma chose.
A ma guise, je peux vous manipuler :
Vous avez commis le pêché mortel
D’être venu jusqu’ici et jusqu’à moi,
Une faute si grave, si impardonnable, qu’elle
Fera de votre vie un chemin de croix.
B
Personne n’est au courant de mon voyage.
A
Personne encore mais je pourrais
Faire en sorte que cela se sache.
Rien, si l’information se propageait,
Ne pourrait l’empêcher de faire tâche d’huile.
B
Et ma réputation serait fichue ?...
A
La ruiner ne serait pas difficile.
Je suis le diable et vous, vous êtes venu
Tenter avec moi de sceller un pacte...
Mon brave, dites-moi, qui vous a envoyé ?
B
Je suis le seul responsable de mes actes.
A
Vous n’êtes pas très crédible quand vous mentez.
C’est la Veuve qui vous envoie, j’en suis sûr.
Des veuves et des héritiers, méfions-nous !
Ils cultivent le fanatisme le plus pur
Et vous harcèlent comme une meute de vieux loups
Si vous osez flétrir leur chère idole !
B
Madame Roumont n’est même pas au courant
De vos liens avec Acher et de votre rôle
Près de lui, il y a plus de trente ans.
Elle ne sait même pas vraiment qui vous êtes.
Votre nom lui dit bien quelque chose mais quoi ?
Oui, c’est un nom sur lequel on s’arrête
Mais à part des historiens, deux ou trois,
Plus personne ne sait encore qu’avant-guerre
Vous galvanisiez des foules de crétins.
C’est ça, me semble-t-il, le fond de l’affaire :
Ces temps-ci, vous vous levez chaque matin,
Vous vous dites : on m’oublie en Belgique,
Je dois me faire de la publicité !
Alors vous cherchez un wagon – c’est typique –
Auquel vous pourriez vite vous raccrocher.
Quel meilleur wagon que celui d’Acher ?
Ses album partout se vendent, par millions !
On connaît son héros sur toute la terre !
Vous, même nous les Belges, nous vous oublions.
A
Monsieur le comique. Vous n’êtes vraiment qu’un flaav,
Un pâle type et un comédien raté.
Vous venez ici et vous faites le brave,
Vous vous moquez de moi, vous m’insultez,
Alors que moi, je n’ai qu’à donner un ordre
Pour qu’un de mes fidèles soldats vous tue,
Qu’il s’introduise chez vous pour vous tordre
Le cou, qu’il vous poignarde ou, plus ardu,
Que dans votre nourriture il dissémine
Un poison indécelable et très lent
Et qu’après plusieurs mois se termine
Votre longue, pénible, agonie !
B
Amusant...
A
J’ai déjà fait faire cela, et bien pire...
B
Je sais...
A
Vous ne prenez pas au sérieux
Mes promesses ?
B
Si, mais elles me font sourire.
C’est ridicule, un matamore si vieux...
Me menacer de mort est inutile.
Je n’ai pas peur même si je suis conscient
Qu’il existe des fanatiques imbéciles,
Des gens qui vous croient un dieu omniscient
Et qui obéissent au moindre de vos gestes.
Oui, vous pourriez très bien me faire tuer,
Me faire arracher les yeux et le reste,
Mais vos menaces ne me font pas trembler.
Il y a des choses bien pire que mourir...
Au moment de glisser dans le trépas,
Quand mon corps s’arrêtera de souffrir,
Etendu sur mon dernier matelas,
Les yeux embrouillés et la bouche ouverte,
Cerné de mes proches ou seul comme un chien,
(Personne, peut-être, ne pleurera ma perte...)
Au moment de m’en aller, j’espère bien
N’avoir à regretter aucune seconde
De lâcheté mesquine devant l’ennemi !...
Parfois, pourtant, j’ai peur, comme tout le monde,
Et c’est une peur totale et infinie,
Une peur qui me grandit et me torture,
Une peur qui chaque soir m’écrase de ses bras,
Parce qu’avant d’entrer en scène, je suis sûr
Que, cette fois, le public ne rira pas,
Je me retrouverai le cul à l’air,
Et j’aurai beau hurler, gesticuler,
Sourire, faire le guignol, tenter de plaire,
Déclamer, murmurer, danser, chanter,
Les gens resteront tous impassibles,
Pas même un rire nerveux par accident !
Je ne serai même pas assez risible
Pour leur arracher un ricanement !...
J’ai peur de cela, mais pas de la mort.
A
Ah bon ?...
B
Envoyez-moi vos assassins,
Devant eux, j’accepterai mon sort.
Je m’éclipserai sans aucun chagrin
Si, la veille, au soir, mon très cher public,
A rit jusqu’aux larmes de me voir jouer.
A
Vous ne faites donc pas cela pour le fric ?
Au théâtre, vous vous ridiculisez
Tous les soirs, sans éprouver de honte ?
Vous auriez donc vraiment la vocation ?
C’est donc vrai, ce que sur vous on raconte :
Que vous êtes un artiste par passion ?
Que vous aimez vraiment faire le comique ?
A plus de cinquante ans, ces jeux d’enfant
Font de vous un vieux clown pathétique...
B
Je suis un clown, un vieux clown à présent
Mais les clowns ont un pouvoir incroyable :
On ne peut pas vraiment les tuer ;
Même un vieux clown, fatigué, pitoyable,
Une balle ou un couteau peut le frapper,
Mais un autre montera sur scène
Prendre le nez rouge du défunt encore chaud
Et pour montrer l’étendue de sa peine,
En guise de chant funèbre, de tombeau,
De revêtir sur lui-même ce nez rouge
Et de continuer le numéro
Là où, avant que la mort ne le touche,
S’était arrêté le vieux rigolo
Qui maintenant gît à terre...
A
C’est revigorant de vous voir courageux
Comme cela, prêt à tuer père et mère
Alors que le monde entier est peureux.
C’est dommage que ce soit pour une affaire
De petits personnages mal dessinés
Dans des cases et qui parlent dans des bulles...
Je vous devine plein d’une colère larvée,
Apre au combat et têtu comme une mule.
Vous êtes ce que je cherche depuis longtemps :
Un artiste ami, un homme de valeur,
Car ce livre (je m’en rends compte à présent)
Acher, Houpette, ce ne sont que des leurres
Pour vous pousser à venir jusqu’à moi,
Que je puisse avec vous m’entretenir
Et vous conseiller de faire le bon choix :
Dans mon combat, vous pouvez me soutenir
Et, en retour, je vous offrirai tout :
L’argent, le pouvoir, les femmes, les honneurs,
A foison !
B
Vous êtes complètement fou !
Vous ne croyez tout de même...
A
C’est l’heure !
L’heure de la grande lessive, du renouveau !
L’heure, enfin, de mon retour triomphal !
Les années trente n’étaient qu’un coup dans l’eau !
Cette époque-ci est plus féroce et plus mâle :
Notre pensée d’alors de nouveau fleurit !
C’est une vague qui déferle dans toute l’Europe !
C’est la conscience de nos Peuples qui frémit
Et se révolte contre le gauchisme interlope !
En Autriche, en France, en Suède, partout,
Des hommes se dressent face aux hypocrites,
Face aux corrompus du Capital mou !
Le pouvoir de la racaille rouge s’effrite
Et les Soviétiques ne reviendront pas
Car s’en est terminé des zinnekes,
Des youpins, des bougnoules, des bamboulas,
Qui salissent les rues de nos villes et que
Nous ont importé les politiciens
Comme cinquième colonne de leur guerre secrète
Contre l’Occident grec, blanc, noble et chrétien !
S’en est terminé de ces pipelettes,
Ces journalistes vendus et achetés
Qui nous mentent, nous illusionnent et nous trompent,
Et nous travestissent l’amère vérité !
Terminé, tous ces serments qui se rompent,
Ces promesses électorales non-tenues,
Ces mensonges, cette corruption, ces scandales !
Le temps des conquérants est revenu !
S’en est fini de ce monde gris et sale !
Ce monde médiocre, impur et mélangé !
Je vous annonce un futur magnifique
Où toute scorie sera éliminée !
Les nègres retourneront tous en Afrique,
Les Slaves, les Turcs, les Arabes, les Ricains,
Buiten naar huis, et ça en triple vitesse !
Et les Juifs, dont l’invasion est sans frein,
Nous les sortirons à coups de pieds aux fesses !
Nous les renverrons tout droit à Sion !
Hitler, certes, avait fait un beau travail,
Il a décimé leur population,
Mais il en est resté de cette racaille
Qui n’ont cessé de pondre, comme des lapins !
Tout est à reprendre, depuis le départ,
Et vite, sinon un de ces matins
Nous serons submergé par ces bâtards !
Toutes nos belles églises seront transformées
En synagogues ! Et le sang de nos femmes
Sera au sang de ces hyènes mélangé !
Ils voleront notre argent et nos âmes !
Les trésors de Bruxelles, Anvers ou Gand
Seront les victimes de leur avarice !
Ils vendront l’atomium au plus offrant !
Ils braderont même le mannekenpis !
(...)